Cora
Cameron avait apporté sa valise pleine d’armes dans la maison. Il n’avait pas envie de la laisser sans surveillance dans la diligence. Greer et Cameron ne portaient jamais d’armes sur eux, sauf lorsqu’ils avaient l’intention de tuer quelqu’un. Le reste du temps, ils laissaient leurs armes dans la valise.
Le marchand de fil de fer barbelé était assis là dans la cuisine, une tasse de café à la main, et de temps en temps regardait la valise posée à côté de Cameron, mais il ne prononça pas un mot à ce sujet.
Cependant, Magic Child l’intriguait tellement qu’il finit par lui demander comment elle s’appelait.
— Magic Child, répondit Magic Child.
— C’est un joli nom. Et si je puis me permettre, vous êtes une bien jolie personne également.
— Merci.
Puis, pour se montrer poli, il demanda à Greer comment il s’appelait.
— Greer, dit Greer.
— Voilà un nom intéressant.
Ensuite, il demanda à Cameron comment il s’appelait.
— Cameron, dit Cameron.
— Tout le monde ici porte un nom intéressant, dit-il. Moi, je m’appelle Marvin Cora Jones. Vous ne trouverez pas beaucoup d’hommes dont le second prénom est Cora. En tout cas, je n’en ai pas rencontré, et pourtant j’ai beaucoup voyagé. J’ai même visité l’Angleterre.
— Cora, comme second prénom pour un homme, c’est différent, dit Cameron.
Magic Child se leva et alla prendre sur le fourneau du café pour Greer et Cameron. Elle en versa aussi au marchand de fil de fer barbelé. Elle souriait. Il y avait cet énorme plat de petits gâteaux sur la table, et tout le monde mangeait. La veuve Jane était vraiment une excellente cuisinière.
La maison continuait à refléter comme un miroir les mouvements du lit en haut.
Greer et Cameron burent aussi un verre de lait : sur la table était posée une splendide cruche en porcelaine. De temps en temps, ils aimaient bien un verre de lait. Ils aimaient aussi le sourire sur le visage de Magic Child. C’était la première fois que Magic Child souriait.
— Ils m’ont appelé Cora en souvenir de mon arrière-grand-mère. Mais ça ne me gêne pas. Elle avait rencontré George Washington au cours d’une soirée. Elle l’avait trouvé charmant, mais il était plus petit qu’elle ne l’avait cru, dit le marchand de fil de fer barbelé. Je rencontre des quantités de gens intéressants rien qu’en leur disant que mon second prénom est Cora. Cela éveille leur curiosité. C’est drôle, aussi. Mais ça m’est égal que les gens rient, parce que c’est tout de même drôle pour un homme de s’appeler Cora.